Algérie Ferries : les interminables galères du transport maritime des voyageurs.
Des milliers de voyageurs algériens sur la compagnie publique de transport maritime ont vécu l’enfer durant la saison haute.
On nous a encore changé la date et l’heure pour prendre le bateau. Cela fait une semaine que ça dure. Nous sommes bloqués ici à Alicante, nous avons dû quitter notre location et prendre deux chambres d’hôtel pour nous et nos deux filles. Je ne sais même pas si la prochaine date est la bonne. » Nora, la quarantaine, avec son mari et ses enfants espéraient passer de belles vacances dans ce port espagnol très prisé par la clientèle algérienne. Mais, l’escapade a vite tourné au cauchemar.
Depuis le début de l’été, une série de perturbations des lignes maritimes entre l’Algérie, la France et l’Espagne rend infernale la vie de milliers de voyageurs.
Foule en colère.
Entre le 23 juillet et le 27 juillet, par exemple, plus de 250 passagers, venus de toute la France, ont été bloqués dans la gare maritime d’Orsetti à Sète, dans l’attente de leur bateau, le Tassili II, à destination du port d’Oran. Le navire venait de finaliser des travaux de réhabilitation en Grèce après une première panne… avant de connaître d’autres dysfonctionnements techniques. Les traversées, notamment, entre les ports algériens d’Oran, de Skikda, de Bejaïa, d’Alger et les ports français et espagnols ont été « reprogrammées » à plusieurs reprises, laissant les voyageurs dans un état de stress maximal. À y ajouter le blocage par l’Agence européenne de sécurité maritime du Tassili II, au port de Marseille dès le 31 juillet pour non-conformité.
Un autre navire a connu le même sort, le Moby Dada, bateau italien affrété par Algérie Ferries et qui est tombé en panne en pleine mer, mi-juillet, lors d’une traversée Alicante-Alger. De retour à Alicante, au grand désespoir des voyageurs, le Moby Dada a été à son tour bloqué au port par les autorités espagnoles. Le même navire avait connu des pannes de climatisation quelques jours auparavant. « On nous propose un autre bateau pour rentrer sur Alger, mais à cause du manque de places, on nous déclasse : je dois voyager en famille sur des fauteuils alors que j’ai un billet pour une cabine », s’insurge un voyageur sur les réseaux sociaux.
En plus des reports, Algérie Ferries a changé de port de départ de certaines traversées, comme le Bejaïa-Marseille du 21 août qui a été transféré en un Alger-Marseille le lendemain. Les passagers qui devaient prendre le navire de Bejaïa ont été obligés de faire 250 kilomètres jusqu’à la capitale ! Les mêmes « reprogrammations » ont touché les ports de l’ouest du pays, particulièrement Oran.
Pourtant, le président du conseil d’administration de l’Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV, maison mère d’Algérie Ferries), Mohamed Tayeb Abboud, a assuré, le 25 août, « qu’un taux de 98 % du programme des traversées de cette saison estivale a été concrétisé, sachant que l’entreprise s’attelle à la préparation de la prochaine saison en vue de remédier aux lacunes enregistrées cette année ». Le même responsable a rendu publique la résiliation du contrat d’affrètement conclu avec l’armateur italien propriétaire du navire Moby Dada, « en raison de son incapacité à réparer les pannes répétées du navire ».
Scandales et instabilité
Pour rappel, et ce, depuis plusieurs années, ENTMV vit une série de scandales et de chambardements organiques.
FERRIES ALGÉRIE
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